Laura , 22 ans Lymphome de Hodgkin

Je m'appelle Laura et j'ai 21 ans. Le 5 mars 2014, un ganglion apparait dans mon cou. Je me dit que ce n'est rien, je n'ai même pas envie de consulter un médecin. Après tout, le corps a parfois des réactions bizarres.

Ma mère me force à aller consulter. Mon généraliste me dit que cela n'est pas normal et me prescrit une radio. La radio entraine un scanner. C'est là qu'on m'annonce qu'il faudrait m'orienter en oncologie pour faire des examens supplémentaires. A 20 ans, je ne savais pas ce qu'était ce service et je continuais de me dire sans cesse que ce que j'avais n'était pas grave. Je ne voulais surtout pas penser aux risques de cancers qui avaient été évoqués. A 20 ans, on ne peut pas avoir un cancer. Je refusais d'y croire. Et pourtant, je voyais autours de moi le regard inquiet de ma famille, que je rassurais du mieux que je le pouvais. Je prend contact avec l'hématologue de mon grand père qui avait lui aussi eu un lymphome quelques années auparavant. On me demande de passer un TEP Scan. J'enchaine les examens, les uns après les autres, sans savoir ce que j'ai. Et puis deux semaines après l'apparition de mon ganglion, on m'annonce que je suis atteinte de la maladie de Hodgkin. Je n'ai pas tout de suite compris que j'avais un cancer. On me dit que je vais avoir un traitement, que ce sera long. Le 4 avril 2014, je commence ma première chimiothérapie. 10 jours plus tard, sans m'y attendre, je vis le plus grand traumatisme que j'ai jamais vécu. Alors que je m'apprêtais à me laver les cheveux sous la douche, ils tombent par poignets. Je m'effondre par terre. Je ne comprend pas, ne veux pas comprendre ce qu'il se passe. Avec mes cheveux, je perd mon identité, ma féminité. Je me perdais tout simplement. Cette déchirure en moi est toujours présente, alors même que mes cheveux, un an plus tard m'arrivent désormais aux épaules. Il peut paraitre superficiel de dire que la perte de mes cheveux a été le plus dur à vivre. Et pourtant, j'en rêve encore. Car, à partir du moment où les cheveux tombent, la maladie est visible et on ne peut plus faire semblant. Les cures de chimiothérapie se succèdent et avec elles tous les effets indésirables. Une toute les deux semaines et ce jusqu'au 11 juillet 2014. Je vis au rythme de la maladie. Au rythme des chimios et des visites de l'infirmière. Cela semble interminable. Le temps est suspendu. Entre temps, je vais à la fac et je m'accroche comme je le peux. Je prend les transports pour aller en cours, j'ignore ma tête qui me tourne, mon coeur qui s'affole, ma respiration qui se coupe et mes muscles qui me font mal. Je me suis promis d'avoir mon année et je l'aurai, quoi qu'il m'en coute. La maladie m'avait pris beaucoup, elle ne me prendrait pas mon avenir. Parallèlement, je sors beaucoup avec mes amis. J'enchaine les soirées. Je ressens un besoin viscéral de dépasser mes limites. La maladie ne me dominera pas. J'ai réussi à avoir ma troisième année de droit et cela m'a redonné confiance. J'ai alors affronté la radiothérapie et planifié mon départ pour la faculté d'Aix en Provence. J'avais besoin de tout recommencer. J'ai eu la chance de pouvoir compter sur le soutien exceptionnel de mes amis et de ma famille. Avoir un lymphome de Hodgkin à 20 ans est une épreuve difficile. Pourtant il ne faut pas baisser les bras et toujours garder l'espoir, même dans les pires moments. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, je ne me sens pas plus forte aujourd'hui, je me sens juste différente, bien souvent à des années lumières des préoccupations des gens de mon âge. Avoir un cancer a 20 ans nous fait gagner en maturité et nous apprend beaucoup sur nous même. A l'heure où je vous écrit, mon PAC va bientôt m'être retiré et une colombe orne désormais mon poignet. Je veux me rappeler de cette lutte que j'ai mené chaque jour de ma vie pour ma liberté. Il ne se passe pas une journée sans que j'y jette un coup d'oeil et que je me rappelle ce que j'ai traversé: Il faut savoir d'où on vient pour savoir où on va. Aujourd'hui, je souhaite beaucoup de courage à ceux qui traversent cette épreuve. Ne laissez pas la maladie faire de vous ce que vous n'êtes pas. Nous existons en dehors de celle-ci et continuerons d'exister après elle.