Pénuries de médicaments : quelles conséquences pour les patients atteints de lymphomes ?

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Pénuries de médicaments : quelles conséquences pour les patients atteints de lymphomes ?

Les pénuries de médicaments surviennent lorsque la demande dépasse l'offre disponible. Si elles ne sont pas un phénomène nouveau, elles sont devenues un problème croissant en France, en Europe et même à l’échelle mondiale. En 2023, près de 5 000 ruptures ou tensions d’approvisionnement ont été signalées à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), soit plus du double des signalements rapportés deux ans plus tôt (2 160). Par conséquent, les Français ayant fait l’expérience d’une pénurie de médicament sont également de plus en plus nombreux : une enquête réalisée début 2024 par France Assos Santé et BVA a montré que cette situation concernait 44 % des personnes interrogées (dont 57 % des patients en ALD), alors qu’ils n’étaient que 29 % en 2022 * .

Quels médicaments sont concernés ?

Tous les médicaments peuvent être concernés par une pénurie mais, dans la pratique, les médicaments anciens sont les plus souvent touchés. Les médicaments utilisés à l’hôpital sont tout aussi fréquemment en situation de pénuries que ceux délivrés en officine. Toutefois, à l’hôpital, les patients sont rarement informés de l’indisponibilité d’un médicament, surtout lorsqu’une alternative thérapeutique est disponible.

Les traitements utilisés pour la prise en charge des patients atteints de lymphomes ne font pas exception, qu’il s’agisse des médicaments agissant contre la pathologie ou ceux prescrits contre les effets indésirables des traitements. Parmi les molécules actuellement en pénurie, on peut citer le méthotrexate, utilisé pour traiter certains types de lymphome, ou l’amphotéricine B (Fungizone®), qui sert à prévenir et traiter les mucites chez les patients traités par chimiothérapie.

D’autres traitements, comme les corticoïdes ou les immunoglobulines, sont par ailleurs sujets à des ruptures ou tensions d’approvisionnement récurrentes. Dans le cas des immunoglobulines, la forte augmentation de la demande mondiale et la dépendance des dons de plasma pour leur production sont à l’origine d’une situation de difficultés d’approvisionnement qui perdure.

Que font les autorités de santé ?

De nombreuses mesures légales et réglementaires ont été adoptées ces dernières années pour lutter contre les pénuries de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM)** , qui représentent environ 60 % des produits pharmaceutiques disponibles sur le marché français : l’obligation de notifier les tensions et les ruptures d’approvisionnement à l’avance, de conserver un stock de sécurité d’au moins 2 mois, de préparer des plans de gestion des pénuries en amont, etc.

En cas de rupture ou de tension d’approvisionnement, il appartient à l’ANSM, en lien avec les industriels, d’adopter et de coordonner les mesures destinées à éviter ou limiter l’impact de la pénurie sur l’accès des patients au traitement. Elle peut ainsi demander à l’entreprise concernée d’exercer un suivi rapproché des stocks et des approvisionnements, importer en France des produits destinés à un marché étranger, solliciter les autres laboratoires (lorsqu’ils sont plusieurs) afin qu’ils augmentent leur production, demander aux médecins de limiter les prescriptions en priorisant certaines indications ou les patients déjà en traitement, mettre en place un contingentement de la distribution en ville et/ou à l’hôpital, identifier des alternatives thérapeutiques avec les sociétés savantes concernées, etc.

Que font les associations de patients ?

Avant d’adopter certaines de ces mesures, l’ANSM peut évaluer le risque lié à la pénurie avec les praticiens et les associations de patients concernés et les informer des actions qu’elle entend mettre en œuvre, même si ça n’est pas systématique. ELLyE a ainsi participé à plusieurs réunions de l’Agence portant sur des situations de pénurie.

Nous exerçons également un suivi régulier des pénuries publiées sur le site de l’ANSM et qui concernent les patients touchés par les lymphomes, la LLC et la maladie de Waldenström. Nous sollicitons l’Agence pour des échanges ad hoc lorsque nous avons des remontées de terrain de situations de ruptures ou de tensions, qu’elles proviennent des patients ou des professionnels de santé.

Que peuvent faire les patients en cas de pénurie ?

Si votre pharmacien ne peut vous délivrer un médicament qui vous a été prescrit, n’hésitez pas à l’interroger sur la durée anticipée de cette indisponibilité et à contacter d’autres pharmacies pour savoir si elles disposent de stocks. Nous vous invitons également à vérifier si le produit est listé sur le site de l’ANSM parmi les tensions et ruptures d’approvisionnement en cours, et à consulter les informations qui s’y rapportent.

En cas de pénurie avérée, contactez votre médecin pour l’informer de la situation et lui demander conseil. Ne prenez aucune initiative sans l’avoir consulté et évitez en particulier les comportements susceptibles de mettre votre santé en danger, comme :

• Acheter des médicaments en ligne. L’OMS estime qu’environ la moitié des médicaments vendus sur Internet sont falsifiés.

• Espacer ou réduire les doses du traitement qui vous a été prescrit.

• Récupérer des médicaments non-utilisés par d’autres patients.

Si vous êtes confrontés à une pénurie de médicament en lien direct ou indirect avec la prise en charge de votre lymphome, LLC ou maladie de Waldenström, n’hésitez pas à nous contacter pour nous faire part de vos difficultés et de l’impact sur votre santé et/ou votre qualité de vie à l’adresse suivante : Adresse email

* https://www.france-assos-sante.org/communique_presse/barometre-2024-des-droits-des-personnes-malades-des-motifs-de-preoccupation/

** Les MITM sont les médicaments pour lesquels une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme, ou représente une perte de chance importante pour les patients au regard de la gravité ou du potentiel évolutif de la maladie.