Les lymphomes, tout savoir pour les professionnels

QUELQUES CHIFFRES CLÉS :

Environ 45000 hémopathies malignes en 2018 dont 2/3 des cas sont des hémopathies lymphoïdes

Lymphomes non hodgkiniens :

Incidence marquée par une augmentation importante entre 1978 et 2000, sans que les raisons en soient encore aujourd'hui parfaitement connues. Depuis 2005 cette incidence est stable

Age moyen de survenue : 63-64 ans pour les hommes et de 66-70 ans pour les femmes (1,4)

Survie relative : 54 % chez l'homme et 56 % chez la femme à 5 ans, et de 36 % chez l'homme et 39 % chez la femme à 10 ans, tous lymphomes confondus (sachant qu'il existe de grandes disparités en fonction des sous-types, et evidemment de l'âge de diagnostic). (4)

Epidémiologie du lymphome non Hodgkinien
6ème rang des cancers les plus fréquents
  • Plus de 100 000 Français vivent avec un lymphome (actuel ou antécédent guéri)
  • 9ème rang des cancers en termes de mortalité avec près de 5000 décès par an (1,3)

Incidence :

  • Hommes : 8,9 à 13 cas pour 100 000 habitants /an
  • Femmes : 2,4 à 14,3 cas pour 100 000 habitants / an
  • Sex ratio ~ 1,2 hommes/1 femme
  • Prédominance urbaine (rapport 2/1)
LYMPHOMES DE HODGKIN :

Incidence :

3,9/100 000 habitants par an chez l'homme et 2,6/100 000 habitants par an chez la femme en 2018

2127 nouveaux cas en France en 2018.

20ème rang des cancers chez l'homme, 21ème rang chez la femme

Bimodale avec 2 pics : l'un chez l'adulte jeune (20-29 ans) et l'autre chez les plus de 75 ans

La survie relative : À 5 ans : 85 % chez l'homme et 92 % chez la femme. Constante diminution de leur incidence et de leur mortalité depuis plusieurs années. Pour les formes localisées (stade I et II), on obtient une guérison dans 95% des cas.

Facteurs de risque de lymphome

  • Affections génétiques constitutionnelles induisant une immunodépression, certaines maladies auto-immunes (syndrome de Sjören, le lupus érythémateux disséminé, immunodépressions thérapeutiques)
  • Certaines infections virales (Epstein-Barr, VIH, HHV8, VHC...), l'infection par Helicobacter pylori, notamment dans le lymphome de MALT de l'estomac.
  • Hérédité : le risque augmente de plus de 50 % en cas de lymphome malin non hodgkinien chez une personne apparentée au 1er degré et surtout dans la fratrie, certains polymorphismes de gènes seraient aussi impliqués : celui du TNF, de IL10, du TLR2 ou TLR4.

Des proliférations tumorales lymphoïdes malignes

Les lymphomes sont des proliférations tumorales malignes développées à partir de cellules lymphoïdes de lignées B ou T, ou plus rarement NK.

De nombreuses entités différentes :

  • Les lymphomes ganglionnaires qui peuvent associer une atteinte viscérale, mais dont l'expression est essentiellement ganglionnaire, ou les lymphomes extra-ganglionnaires, plus rares à expression viscérale exclusive ou prédominante (1,4).
  • Les lymphomes indolents ou de faible grade de malignité, d'évolution lentement progressive qui représentent 4 à 5 cas sur 10, ou les lymphomes agressifs, d'évolution plus rapide

Des facteurs de risque encore mal appréhendé (4)

Des causes aujourd'hui encore obscures.

Pourtant, certains facteurs de risque ont été identifiés.

L'ensemble de ces facteurs de risque ne permet de justifier qu'environ 1/3 des hémopathies lymphoïdes et leurs effets sont souvent multifactoriels.

Des facteurs individuels qui augmentent le risque (4)

  • L'obésité et une alimentation riche en viande, en graisses et en produits laitiers sont associées à un risque plus important de survenue de la maladie. Au contraire, une consommation de légumes et de poissons aurait l'effet inverse (4).
  • L'exposition à certaines toxines ou certains pesticides semble impliquer dans la survenue de la maladie, mais pas l'intoxication tabagique ou alcoolique (4).

CLASSIFICATION ET ÉVOLUTION

Une classification proposée par l'OMS recense près de 100 types ou sous-types de lymphomes définis jusqu'à présent sur la base de données morphologiques, immunophénotypiques, génétiques et cliniques.

Au total, 3 grands groupes de lymphomes

1. Les lymphomes hodgkiniens

10% des lymphomes de l'adulte (2127 nouveaux cas en 2018) , avec essentiellement le lymphome hodgkinien classique (vs les lymphomes nodulaires à prédominence lymphocytaire), et une origine lymphocytaire B pour les cellules tumorales.

2. Les lymphomes non hodgkiniens à cellules B

Plus fréquents, avec :

Les néoplasies de précurseurs lymphoïdes B et les lymphomes/leucémies lymphobastiques B

Des proliférations lymphoïdes B matures, avec pour 35 à 40 % des cas le lymphome diffus à grandes cellules (5071 nouveaux cas en 2018) et pour 20 à 25 % des cas, le lymphome folliculaire (3066 nouveaux cas en 2018)

Le lymphome diffus à grandes cellules B se présente lui-même sous plusieurs sous entités : lymphome à grandes cellules B riche en lymphocytes T, lymphome à grandes cellules B primitif du médiastin, lymphome à grandes cellules B associé au virus d'Epstein-Barr du sujet âgé, lymphome diffus à grandes cellules B NOS.

3. Les lymphomes non hodgkiniens à cellules T/NK.

Rares, ils représentent en Europe moins de 15 % des lymphomes non hodgkiniens de l'adulte (1777 nouveaux cas)

Ils faut distinguer les néoplasies de précurseurs lymphoïdes T immatures appelées lymphomes/leucémies lymphobastiques, des lymphomes T matures encore appelés périphériques.

Bibliographie

HAS. Guide médecin – Affection de longue durée – Lymphomes non Hodgkiniens ganglionnaires de l'adulte. Septembre 2009.

Delarue R. Devant quel tableau clinique suspecter un lymphome et comment orienter la prise en charge ? Rev Prat. 2010 ; 60 : 41-47.

Feugier P et al. Perceptions et pratiques des médecins francais pour initier le diagnostic du lymphome en 2009 : première enquête nationale IDiL. Correspondances en onco-hématologie. 2010 ; 1 : 42-48.

Maynadié M. Epidémiologie des lymphomes. Rev Prat. 2010 ; 60 : 33-38.

Molina TJ. Classification des lymphomes. Rev Prat. 2010 ; 60 : 48-52.

Casasnovas O. Imagerie des lymphomes. Rev Prat. 2010 ; 60 : 53-58.

Estimation nationale de l'incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2005, Institut national de veille sanitaire